J’ai cru pendant longtemps

Aux ombres de la caverne

Aveuglée, confondant

Soleil et lanternes

J’ai cru pendant longtemps

A la séparation

Ainsi ne percevant

Que des confirmations

J’ai cru pendant longtemps

Qu’il fallait qu’on valide

Tous mes engagements

Pour les garder solides

J’ai cru pendant longtemps

Qu’il fallait des retours

Pour que mes sentiments

Aient le droit d’être Amour

J’ai cru pendant longtemps

Que pour pouvoir oser

Il fallait du talent

Et être bien noté

J’ai cru pendant longtemps

Qu’il fallait susciter

Des applaudissements

Pour le droit à rêver

J’ai cru pendant longtemps

Que pour me définir

Le regard des gens

Avait son mot à dire

J’ai cru pendant longtemps

Que j’étais la coupable

Efforts insuffisants

Défauts intolérables

J’ai cru pendant longtemps

Mon sourire indécent

D’ignorer les tourments

D’un monde si souffrant

J’ai cru bien trop longtemps

Qu’il fallait réciter

Le passé au présent

Et ne pas s’écouter

J’ai cru bien trop longtemps

Qu’il fallait que j’évite

Le contact perturbant

De l’enfant qui s’agite

J’ai cru qu’en l’ignorant

Il finirait par fuir

Seule me condamnant

A ne plus savoir jouir

J’ai cru bien trop longtemps

Qu’il fallait ignorer

Ce qui nous rend vivant

Pour pas déraisonner

J’ai cru bien trop longtemps

Que la tête savait

Et que mon cœur d’enfant

Devait s’y incliner

J’ai cru bien trop longtemps

A toutes ces illusions

Qui nous serrent les dents

Et nous tiennent en prison

J’ai cru voir au dehors

Les barreaux de ma cage

Alors qu’une fois encore

J’étais ma propre otage

J’ai cru bien trop longtemps

Que je n’étais pas libre

Vivant l’enfermement

Du mental en roue libre

Il m’a fallu du temps

Pour savoir qui j’étais

Observant dans l’étang

Mon si trouble reflet

Il m’a fallu du temps

Pauvre Enfant égaré

Pour voir qu’au-dedans

Se joue ma vérité